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Bonus 2.2 - Endométriose
Généralités
Définitions
- endométriose :
- maladie chronique à point de départ gynécologique
- = présence de tissu endométrial en dehors de la cavité utérine
- adénomyose :
- infiltration diffuse ou focale du myomètre par des cellules endométriales
- parfois associée à l'endométriose
Pour comprendre
- localisations ectopiques variables → lésions variées → symptômes variés
- potentiel évolutif variable selon la lésion
- peut concerner de multiples organes et être responsable d'infertilité
- caractéristique principale de l'endométriose : survenue cyclique des symptômes (rythmé par les règles)
- les traitements doivent couvrir une période s'étendant de la puberté à la ménopause
Physiopathologie
- plusieurs types de lésions d'endométriose / caractéristique histologique commune = tissu endométrial entouré d'un stroma
- ce tissu se comporte comme l'endomètre : croissance cyclique puis desquamation et hémorragie (en période menstruelle)
- mais contrairement à l'endomètre : impossibilité d'évacuer le sang et les cellules desquamées
- → réaction inflammatoire locale cyclique
- plusieurs théories pour expliquer la provenance de ce tissu endométriosique
- la plus vraissemblable est celle du reflux tubaire du sang menstruel
- → dissémination sur le trajet de circulation du liquide péritonéal d'implants d'endométriose (comme dans les métas du cancer de l'ovaire)
- 3 catégories de lésions d'endométriose :
- lésions superficielles péritonéales :
- petite taille
- aspect varié (rouges, florides, hémorragiques, brunâtres, blanches étoilées...)
- lésions kystiques ovariennes :
- = invaginations avec pour point de départ la surface ovarienne
- contient un liquide visqueux marron chocolat (= cellules détruites et sang dégradé au fil des mois)
- nodules profonds sous-péritonéaux
- lésions fibreuses (composante musculaire > endométriale)
- = tumeurs bénignes infiltrant les organes pelviens (ligaments utéro-sacrés, vagin, tube digestif, vessie, uretères...)
- évolution des lésions d'endométriose :
- constitution d'adhérences intrapelviennes et intra-abdominales
- modifications de l'architecture pelvienne et des organes
- le tout : source de phénomènes douloureux et/ou infertilité
- association possible à l'adénomyose :
- = infiltration diffuse ou focale du myomèrte par les cellules endométriales
- → formation de microkystes endométriaux dans le myomètre
- → ménométrorragies / douleurs pelviennes / infertilité ...
- remarques :
- évolution imprévisible et variable d'une patiente à l'autre (rapidité, gravité...)
- certaines patientes resteront toute leur vie avec des lésions superficielles, d'autres auront toutes les lésions en moins de 10 ans...
Circonstances de découverte
En bref :
- peut se diagnostiquer de la puberté à la ménopause (femme en âge de procréer)
- retard diagnostic fréquent : 7-10 ans selon les études ...
- symptômes plus marqués chez les femmes ne prenant pas de contraception hormonale
- car cette contraception freine l'activité ovarienne
- donc, le diagnostic est plus souvent posé chez les femmes qui arrêtent leur contraception ou en cas de dispositif mécanique
- chez les femmes pauci ou asymptomatiques : découverte fortuite possible lors d'examen d'imagerie ou d'un acte chirurgical
Symptomes les plus souvent rencontrés :
- dysménorrhées
- = règles douloureuses
- douleurs sourdes hypogastriques (ou fosses iliaques) / parfois dans le bas du dos
- signes évocateurs d'endométriose :
- efficacité des AINS +++ (cf inflammation locale)
- diminution voire disparition des douleurs par la prise d'une POP en mode cyclique
- association fréquente à des ménorragies
- dyspareunies profondes balistiques
- = douleurs lors de rapports sexuels
- sur infiltration du myomètre (adénomyose), des cul-de-sac vaginaux, etc...
- symptômes digestifs
- non spécifiques et variés
- dyschésies / diarrhées cataméniales...
- !! associés aux règles +++
- 2/3 des lésions se localisent au rectum ou au côlon sigmoïde
- symptômes urinaires
- cystalgies cataméniales, pollakiurie diurne ET nocturne, impression d'IU récurrente lors des règles
- ces signes doivent faire rechercher une endométriose profonde de la vessie +++ (ECBU stérile !)
- complication : sténose de l'uretère avec dilatation des CPC d'amont puis atrophie rénale à terme
- autres symptômes cataméniaux
- tout symptôme douloureux ou gênant survenant de manière cyclique avec les règles +++
- douleurs scapulaires ou basi-thoraciques droites : lésion de la coupole diaphragmatique droite
- douleurs des fasses / sciatalgies : compression des racines sacrées par une endométriose profonde
- dysuries cataméniales : impact de lésions profondes du vagin sur les nerfs splanchniques moteurs de la vessie
- pneumothorax cataménial : lésions diaphragmatique, pleurales, ou du parenchyme pulmonaire (!!)
- douleurs intermenstruelles
- = entre les périodes de règles / sur adhérences intra-abdominales (lésions évoluées +++)
- !! les patientes deviennent douloureuses chroniques (retentissement psy +++)
- infertilité (+++)
- !! l'endométriose concerne 1/3 des femmes consultant pour infertilité
- mécanismes :
- inflammation intrapéritonéale et intratubaire : gêne intéraction ovule-SPZ
- obstruction tubaire ou tubo-ovarienne : rencontre des gamêtes impossible
- douleur : dyspareunies (réduisent le nombre de rapports sexuels)
- altération de la réserve ovarienne : les endométriomes détruisent le parenchyme ovarien
- adénomyose : gêne l'implantation embryonnaire
Diagnostic
Examen clinique
- Interrogatoire
- !! souvent suffisant pour évoquer le diagnostic +++
- rattacher la chronologie des symptômes aux règles
- rechercher dyspareunies profondes balistiques
- Examen physique
- abdominal :
- pauvre +++
- douleurs non spécifiques (sensible sans défense)
- !! peut mimer un abdomen chirurgical en période de crise douloureuse
- spéculum
- !! examen douloureux
- checher des nodules profonds infiltrant le vagin : rétraction fibreuse ou lésion végétante ou microkystes noirs
- TV
- essentiel +++ (peut affirmer le diagnostic d'endométriose profonde) / pas chez une patiente vierge !
- cul de sac postérieur du vagin sensible : oriente vers une endométriose superficielle du cul-de-sac recto-utérin
- recherche de nodule fibreux ou lésion végétante des cul-de-sac : oriente vers une endométriose profonde
- palpation bimanuelle d'un utérus augmenté de volume et sensible : oriente vers une adénomyose
- palpation d'une masse kystique : oriente vers un endométriome ovarien
- TR
- non systématique
- surtout si suspicion d'endométriose profonde rétrocervicale
- rechercher infiltration du rectum ou des paramètres
Examens paracliniques
- !! diagnostic d'endométriose = CLINIQUE +++ / un examen paraclinique normal n'exclut PAS le diagnostic
- les examens complémentaires évaluent la gravité (= bilan d'extension)
- doivent uniquement être réalisés par des radiologues expérimentés en endométriose
- échographie pelvienne par voie endovaginale
- 1e intention / performante entre les mains d'un radiologue experimenté
- recherche :
- endométriomes ovariens (= kystes à contenu granité, persistant sur plusieurs cycles, contrairement aux kystes hémorragiques)
- adénomyose
- nodules profonds : des ligaments utérosacrés, vessie, rectum, sigmoïde distal
- complications de l'endométriose : hématosalpinx / sténose urétérale et dilatation d'amont...
- IRM abdomino-pelvienne
- très performant +++ / permet le diagnostic ET la cartographie précise des lésions / séquences en saturation de graisse
- sémiologie :
- kystes d'endométrioses : contiennent du sang (hyper T1 / hypoT2)
- nodules profonds : formations en étoile (hypoT1 et hypoT2), rétractiles, infiltrant les organes voisins
- contiennent parfois des microkystes d'endométriose
- adénomyose : élargissement de la zone jonctionnelle / présence de multiples images millimétriques du myomètre en hyperT1
- complications : hématosalpinx / sténose urétérale et dilatation d'amont / infiltration des paramètres...
- autres examens :
- selon les résultats de l'écho et l'IRM :
- écho endorectale et coloscanner (endométriose colorectale)
- cystoscopie / uroscanner (ou uro-IRM) : si atteinte urinaire
- etc...
- biologie :
- non spécifique / peu utile
- parfois augmentation CA125 (endométriose ovarienne ou péritonéale diffuse), mais ne pas le doser
- coelioscopie
- en cas de situation compliquée
- permet le diagnostic de certitude (biopsies ciblées) +/- traitement des lésions
- !! diagnostic de certitude PAS indispensable pour instaurer le traitement chez les patientes symptomatiques