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Item 265 - Lithiase urinaire
Résumé
Objectifs CNCI | |
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Recommandations | |
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Mots-clés | A savoir |
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Généralités
Définitions
- Lithiase: processus pathologique conduisant à la formation de calculs
- Colique néphrétique (CN): mise en tension brutale des cavités pyélo-calicielles
- !! le plus souvent par un calcul endoluminal mais pas toujours (cf infra)
Épidémiologie
- Fréquent: 5-10% de la population (en ⇑) / 2M de cas par an / seuls 10% symptomatiques
- Sex ratio: H > F = x3 / récidives +++ (50% des patients à 5 ans / uretère ou rein à 90%)
- Lithiase vésicale = population ciblée (tétra ou paraplégique, HBP, CE intravésical)
- Oxalate de Ca (75%) : monohydraté (50%) > duhydraté (25%) > phosphate de Ca (15%) > reste
Mode de révélation d’une lithiase urinaire (CN >>> fortuit > bilan d’une IRC)
- Hématurie
- Microscopique +++ (BU)
- Infections urinaires
- Association lithiase / IU fréquente (calcul s’infecte secondairement ou IU forme le calcul)
- Sur bactériurie asymptomatique / cystite récidivante / PNA récidivante
- Insuffisance rénale
- Reins détruits par calculs asymptomatiques bilatéraux / corraliformes +++
- Asymptomatique
- Découverte fortuite
- Grossesse
- Après T2 : hypotonie des CPC (droite +++) + hypercalciurie physiologique
- Glycosurie favorise adhésion bactérie et IU (donc les calculs)
- Examen radiologique de référence = ECHOGRAPHIE
- !! AINS CI au T3 +++ (voire pendant toute la grossesse...) / antalgiques simples ou morphiniques / hydratation
- Remarques :
- Sonde JJ : changer toutes les 6S jusqu’à accouchement (sinon calcification)
- !! CI de la lithotripsie extracorporelle chez la femme enceinte (à savoir)
Physiopathologie / classification
- Formation par : sursaturation, nucléation, agrégation et retenue du cristal
- Lithiase calcique (75%)
- Oxalate de calcium (++) : mono (whewellite) ou dihydraté (weddelite) / radio-opaques
- Phosphate de calcium : chez patients > 75ans ou enfants / radio-opaques
- Lithiase urique : hyperuricémie / goutte / obèse / PKRAD / !! radio-transparents
- NB : souvent révélateur d'un diabète ou syndrome métabolique
- Lithiase phospho-amionaco-magnésienne (struvite) : IU par germe uréase (+) / +/- RT
- Uréase + : KP3 (Klebiselle / providencia / proteus / pseudomonas)
- Lithiase cystinique : tubulopathie génétique / pas de réabsorption / radio-transparent
- Lithiase médicamenteuse : anti-rétroviral : indinavir (Crixivan®) / radio-transparent +++
!! Remarque
- La lithiase n’est pas la seule cause de colique néphrétique mais la plus fréquente (80%)
- Pathologie mimant une crise de CN
- Digestives :
- colique hépatique / cholecystite A / PA / diverticulite
- infarctus mésentérique / appendicite A / hernie inguinale étranglée
- Gynécologique : GEU / torsion kyste ovarien ou d’annexe
- Vasculaire (+++) : fissuration d’un AAA
- Autres : arthrose lombaire
Particularités des calculs urinaires
Lithiase urinaire | Terrain | Macroscopie | pH favorisant | Radio standard | LED résitant ? |
Oxalate Ca monoH | H | lisse | - | +++ | +++ |
Oxalate Ca diH | - | spiculé | - | +++ | - |
Phosphate de Ca | - | lisse | alcalin | +++ | - |
Acide urique | goutte / SMP / Sd métab | lisse | acide | transparent | - |
Acide cystinique | héréditaire : AR | coralliforme | acide | + | +++ |
PAM (struvite) | infection uréase + | coralliforme | alcalin | + | - |
Médicamenteuse | VIH : indinavir (except.) | - | - | transparent | - |
Anomalies anatomiques et étiologiques
- Maladie de Cacchi et Ricci (la plus fréquente +++) :
- Rein en éponge, cause inconnue
- Dilatation des tubes collecteurs pré-papillaires
- Atteinte classique des 2 reins (parfois unilatérale)
- TDM : images d’additions (ligne de Hodson : ectasies) + calcifications bilatérales (au max : néphrocalcinose)
- Rein fer à cheval (et ectopique) : fusion des pôles inferieurs
- Implantation non déclive des uretères sur les bassinets
- +/- Vx aberrants comprimant la voie excrétrice (stase U)
- NB : rein ectopique : stase urinaire
- Diverticules caliciels / sténoses des tiges calicielles / mégacalicose :
- 1 seul rein +++
- Pas de retentissement rénal mais stase urinaire
- PKRAD et kystes acquis :
- Calculs urique +++ (mais aussi calcique)
- Sd de la jonction pyélo-urétérale : douleurs mimmant une CN
- URO-TDM : DCPC + uretère fin
- Dg + : scinti rein au MAG3 avec test au furosémide (révèle obst)
- TTT : pyéloplastie
- Reflux vésico-rénal et calculs :
- Corraliformes +++ : sur dilatation de la voie excrétrice + épisodes d’infections urinaires entrainés par le reflux
- Mega uretère congénital (rare)
- Affection neuro congénitale / acquises :
- Spina bifida / myélo-méningocèle
- trauma rachidien
- Maladie infectieuses :
- BK / bilharziose (sténoses urétérales)
- Infarctus rénal segmentaire ou total : fébricule + hématurie
- Cx emboligène ou déséquilibre brutal d’un ttt anti-coagulant
- TDM sans IV : normal
- TDM IV : absence de perfusion du rein
- TTT : fibrinolyse
- Nécrose papillaire
- Diabétique ou drépanocytaire
Facteurs favorisants
- Alimentaires
- Augmentation des apports :
- Produit laitiers
- Protéines animales
- Aliments riches en oxalate (chocolat, fruits secs, épinards, thé…)
- Purines
- Sel (hypercalciurie favorisée)
- Sucres rapides
- Diminution de la consommation de fibres alimentaires
- Diurèse insuffisante par insuffisance des apports liquidiens
- Facteurs familiaux
- Histoire familiale dans près de 40% des cas
- Cystinurie = maladie génétique la plus fréquente dans ce cas
- Maladies lithiasiques héréditaires :
- lithiase cystinique +++ : AR (cystine)
- hyperoxalurie primaire type I et type II : AR (oxalate de calcium monohydraté)
- acidose tubulaire distale héréditaire : AR ou AD (phosphocalcique)
- Infection urinaire
- Proteus mirabilis, klebsielle et pseudomonas : possèdent une uréase → calculs coralliformes
- Anomalies du pH
- pH normal dans les urines = 5,8
- Si acide < 5.5, favorise : calculs d’acide urique, de cystine et d’oxalate de calcium
- Si alcalin > 6.5, favorise : lithiase infectieuse et phospho-calcique
- Anomalies anatomiques
- Favorisent la stase urinaire donc la formation de calculs
- Traiter le calcul + la malformation si possible
- Ex : jonction pyélo-urétérale, diverticule caliciel, rein en fer à cheval, méga-uretère…
- Calculs médicamenteux
- Peu fréquent (1%) mais fréquence sous-estimée
- Soit via désordre métabolique généré par le médicament / soit par la cristallisation dans les urines des métabolites du principe actif
- Indinavir +++ (Crivixan) : ARV pour VIH (devenu exceptionnel car plus utilisé)
- → radio transparent / soluble si pH acide / précipite si alcalin
- !! Pas d’AINS +++ : indinavir + douleurs lombaires = ↑ diurèse + acidifier les urines comme traitement
Diagnostic (CN)
Stratégie globale pour les CN :
- 1: dg clinique présomptif
- 2: calmer la douleur
- 3: affirmer le dg (paraclinique)
- 4: SDG ?
Examen clinique
- Interrogatoire
- Terrain: atcd de CN ++ / atcd fam / goutte / hypercalcémie / notion de rein unique
- Anamnèse: facteur déclenchant: châleur / apport hydrique insuffisant / immobilisation prolongée / voyage
- Signes fonctionnels
- douleur intense +++
- siège lombaire / unilatérale (en général) / irradie vers les OGE / brutale / crises paroxystiques
- !! pas de position antalgique : agitation importante, anxiété
- signes associés
- hématurie (microscopique le plus souvent → découverte à la BU)
- signes urinaires (pollakiurie / brûlures)
- signes digestifs : nausées, vomissements, iléus voire pseudo-occlusion
- Remarque : facteurs favorisant :
- Voyage récent et prolongé
- Séjour en pays chaud / travail en ambiance surchauffée
- Immobilisation prolongée
- Hydratation insuffisante / Modification de l’alimentation
- Activité sportive
- Examen physique
- Prise de constantes: température et diurèse (à savoir) / PA / FC
- Diagnostic positif de colique néphrétique (2)
- Examen abdominal: douleur à l’ébranlement lombaire / abdomen souple
- Bandelette urinaire (+++) : retrouve une hématurie isolée microscopique (constante)
- Recherche de signes de gravité (3) +++
- fièvre > 38°C / hyperalgique / anurique (cf infra)
- Terrains particuliers: (grossesse / transplantation rénale / insuffisance rénale / rein unique)
- → impose hospitalisation + dérivation urinaire en urgence (à savoir)
Examens complémentaires
- Pour diagnostic positif de CN
- En pratique +++
- Quand:
- en urgence si BU (-) ou signe de gravité
- en ambulatoire sous 48h sinon
- Quoi: soit couple [échographie-ASP] soit TDM AP hélicoïdale non injectée (TDM >>> écho-ASP)
- !! en cas de CN compliquée (SDG) : TDM +++ (pas écho-ASP...)
- Échographie rénale et des voies urinaires
- Visualise le calcul (rarement en réalité sauf s'il est très proximal) = hyperéchogène + cône d’ombre postérieur
- Dilatation des cavités pyélocalicielles (!! constante, n’est pas un SdG) = argument pour une obstruction d'aval
- !! une DCPC ne signe pas une obstruction (possible séquelle d'une pathologie rénale...)
- !! une absence de DCPC n'élimine pas une obstruction (les cavités mettent du temps à se dilater)
- Abdomen sans préparation (ASP) face / debout
- Recherche le calcul radio-opaque sur le trajet de l’uretère (du côté de la douleur)
- radio-opaques : calcique / PAM / cystinique
- radio-transparents : urique / médicamenteux
- diagnostics différentiels:
- calcifications alithiasique de l'arbre urinaire (tuberculose, bilharziose kyste)
- ou extra-urinaire (ADP, calcifications pancréatiques, lithiase vésiculaires)
- TDM abdomino-pelvienne SANS injection (donc n'est pas un UROSCANNER, qui est un scanner au temps très tardif)
- Examen de référence : remplace le couple écho-ASP à présent +++
- Signes spécifiques: couronne hypodense autour du calcul / pâleur du rein
- !! pas d’injection car risque d’IRA
- Recherche la dilatation des cavités pyélo-calicielles / visualise tous les calculs (sauf médicamenteux mais exceptionnel)
- Pour évaluation du retentissement
- ECBU: systématique / recherche une hématurie / une infection
- hémocultures si fébrile pour éliminer une bactériémie
- créatininémie: systématique / le seul indispensable (+++) : recherche une IRA et en pré-AINS +++
- NFS-iono: souvent fait en pratique
- Pour diagnostic étiologique (!! à distance de la crise +++ : > 1M)
- Systématique +++
- A distance de la crise (> 1M)
- Interrogatoire :
- ATCD familiaux, âge premières CN : maladies lithiasiques héréditaires
- lithiases cystiniques
- hyperoxalurie primaire
- acidose tubulaire distale héréditaire
- Pathologies favorisantes :
- uropathie
- iléopathie
- mucoviscidose (hyperoxalurie)
- iléostomie (acide urique)
- médicaments
- infections récidivantes (germes uréasique)
- hypercalcémie
- Enquête alimentaire + recherche d’oligodipsie
- Bilan morphologique = uroscanner (TDM AP sans puis après injection de contraste / 3 temps)
- Examen de référence : visualise tous les calculs (sauf l’indinavir)
- Analyse de la densité et détermine la nature (oxalate > cystine > urique)
- Recherche d’anomalies anatomiques : Cacchi et Ricci +++ (ectasies tubulaires)
- → Nécessaire avant une NLPC pour savoir la morphologie des VU
- Bilan métabolique de 1ère intention (collège uro) : systématique dès le 1er épisode !!!
- Sanguin x4 : créat / calcémie / uricémie / GaJ
- Urinaire des 24h x6 : créat / calcium / urates / volume total / sodium / urée
- Urines du matin x4 : pH, densité, BU, cristallurie
- → !! Dire au patient de ne pas changer ses habitudes alimentaires pour ce bilan
- Bilan de deuxième intention (si lithiases multiples ou récidivantes / formes familiales / début dans l'enfance)
- sanguin: bicarbonatémie / phosphorémie
- urines 24h: oxalurie / citraturie
- urines du lever: cristallurie
- Spectrophotométrie infran-rouge (SPIR) + examen morphologique
- après récupération du calcul (tamisage des urines +++)
- détermine de façon certaine le type et la composition du calcul
- Pour bilan pré-thérapeutique
- pré-AINS: atcd d’UGD / atcd insuffisance rénale/ !! NPO hCG si femme jeune (à savoir)
- si CN compliquée: hémostase / NFS / appel urologue / consultation anesthésie
Formes cliniques compliquées (< 6%) → avis urologique +++
- CN sur terrain particulier: femme enceinte / rein unique / IRC / uropathie / transplantation rénale
- CN fébrile (PNA obstructive): avec fièvre > 38°C ou ECBU (+)
- CN hyperalgique: résistante aux antalgiques: échec de l’AINS ET de la morphine
- CN oligo-anurique/IRA: absence de diurèse ; clairance diminuée
- Calculs : bilatéraux / < 6mm / empierrement des voies excrétrices
Remarque sur les formes compliquées :
- Fébrile (ou PNA obstructive)
- URGENCE médico-chir (à savoir)
- Fièvre > 38°C + frissons + marbrures + instabilité hémodynamique + BU (+)
- ECBU + hémocs (NPO)
- Anurique
- IRAf (septique) OU calculs bilatéraux (rare) OU rein unique (congénital, restant, ou fonctionnel)
- ECG +++ (troubles ioniques : hyperkaliémie !!)
- Hyperalgique
- = non calmée par ttt bien conduit (AINS IV ET morphine IV)
- Si la douleur cède brutalement : évoquer rupture de FORNIX (rupture voie excrétrice)
- → Dans ce cas si l’obstacle persiste : il se forme un urinome péri-rénal (drainer +++)
Diagnostics différentiels devant une CN
- !! Hypothèses devant persistance de la douleur malgré AINS :
- CN non lithiasique
- CN + signes dig prédominants :
- Colique néphrétique hyperalgique +++ : c’est la définition
- Douleur rénale hors voies excrétrices
- infarctus rénal (sur thrombose a. rénale)
- thrombose de la veine rénale (œdème rénal)
- hémorragie sur tumeur rénale ou kyste rénal
- Douleur de cause extra-urologique
- colique hépatique / pancréatite / appendicite / infarctus splénique…
Eléments d’orientation du dg étiologique :
- Hypercalcémie :
- Hyperparathyroïdie primaire dans 90% des cas +++
- Hypercalciurie (> 0.1 mM/ kg/ j ou > 0.36g/g créat) SANS hypercalcémie
- Alimentaire (Ca) ou iatrogène (vit D)
- Hyperparathyroïdie I normocalcémique
- Idiopathique +++ (la plus fréquente : chercher excès de sel / protéines)
- pH > 6.5 :
- infection à germe uréasique / acidose tubulaire distale (défaut d’acidification)
- Diurèse < 2L/ J ou densité urinaire > 1020
- ECBU : germe uréasique
- Hyperoxalurie :
- Primaire ou entérique si > 1 mM/j
- Alimentaire / muco / idiopathique si 0.5-1 mM/j
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