Item 310 - Tumeurs de la prostate.
Résumé
Objectifs CNCI | |
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Recommandations | |
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Mots-clés | A savoir |
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Généralités
Épidémiologie
- Cancer le plus fréquent chez l'homme > 50ans en France ; exceptionnel avant 40ans
- Age moyen diagnostic = 70ans
- 5ème cause de décès par cancer tous sexes / 2ème cause de décès par cancer chez l'homme
- N = 57.000 nvx cas /an (forte augmentation depuis 1980) par découverte du PSA
- Incidence en augmentation du fait du dépistage: 100/100.000hommes ; concernera 1 français sur 8
Facteurs de risques
- Facteur de risque majeur, incidence augmente avec l'âge
- Exceptionnels < 40 sauf FDR
- Forme héréditaire suspectée si : 3 apparentés au 1er degré (2 si < 55 ans)
- Monogénique (5%) : BRCA1, BRCA2 et HOXB13 --> rechercher des ATCD de cancer de sein et ovaire familiaux
Anatomo-pathologie
- Type histologique
- A noter : l'HBP ne dégénère jamais en K
- Adénocarcinome
- Phénotype des cellules luminales (p63- / PSA+) des glandes prostatiques
- Atteinte périphérique (≠ HBP)
- Croissance tumorale peut être inversée temporairement / ralentie par des traitement limitant les effets des androgènes circulants
- Carcinome neuroendocrine (= cancer à petites cellules de la prostate) : très rares, < 5% des cas
- Score de Gleason
- Correspond au degré de différenciation de la tumeur
- Facteur pronostic le plus puissant (= score histopronostique) ; tumeurs rarement en foyer unique ni foyers identiques = permet de refléter l'hétérogénéité de la tumeur en additionnant les grades
- pour chacune des (12) biopsies: grade de dé-différenciation de 3 à 5
- Addition du grade le plus représenté et le grade le plus élevé
- Groupes de grades (GG) de 1 à 5 = classification ISUP
Groupe 1 | Gleason 6 (3+3) |
Groupe 2 | Gleason 7 (3 majoritaire) |
Groupe 3 | Gleason 7 (4 majoritaire) |
Groupe 4 | Gleason 8 |
Groupe 5 | Gleason 9 ou 10 |
- Classification des cancers en 3 groupes en fonction de leur risque de progression
- Risque faible : PSA < 10ng/mL et score de Gleason < ou = 6 et stade T1c ou T2a
- Risque intermédiaire : PSA entre 10 et 20 ng/ml ou Gleason 7 ou stade T2b
- Risque élevé : PSA > 20ng/ml ou Gleason > ou = 8 ou T2c
T |
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N |
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M |
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Au total : 4 stades |
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Diagnostic
DEPISTAGE
- Pas de dépistage de masse (comme CCR / sein) car bénéfices non démontrés par les études sur la mortalité et la qualité de vie !
- Dépistage individuel ciblé et éclairé (AFU 2016-2018)
- Après évaluation de l'état de santé du patient (le faire pour patients jeunes et sans trop de comorbidités) : tous les hommes en bon état fonctionnel et probabilité de survie prolongée
- Après information des risques et des bénéfices (à savoir) / sur les biopsies
- À proposer à tous les hommes en bonne état fonctionnel et survie prolongée : entre 50 et 74ans: TR + PSA sériques
- Dès 45 ans et tous les 2ans si facteur de risque familial ou ethnique: 2 ATCD de KP au 1e degré < 55 ans / origine antillaise
- PSA < 4 ng/mL : normal : continuer dépistage normalement
- PSA > 4 ng/mL = biopsies
- Prévention : aucune modalité de prévention du cancer de la prostate ne peut être recommandé selon les études
CLINIQUE
- Interrogatoire
- Terrain: H > 50ans / rechercher facteurs de risque familiaux ou ethniques
- Signes fonctionnels urinaire
- Questionnaire USP
- Pas spécifiques ; souvent témoignent d'une pathologie bénigne associée
- Rarement, peuvent signer un envahissement trigonal par le cancer
- SFU irritatifs = pollakiurie / impériosité
- SFU obstructifs = dysurie
- Douleurs périnéales / hypogastriques
- Hématurie / hémospermie
- Dilatation urétéropyélocalicielle (rare = envahissement urétéral + IRA)
- Pelvis infiltré "blindé ou gelé" / induration de la paroi antérieure
- Troubles digestifs : compression rectale ou envahissement tardif (nodule de perméation au TR)
- Aura un retentissement sur la stratégie diagnostique et thérapeutique
- Signes sexuels
- Questionnaire IIEF
- PAS de symptomes sexuels
- 1 épisode isolé d'hémospermie n'est pas un signe d'appel de K de prostate
- Peut être perturbé par le traitement ++ donc à évaluer en pré-thérapeutique
- Signes d’envahissement ganglionnaire
- Thrombophlébite ou oedème asymétrique d'un MI (compression veineuse ou lymphatique)
- Dilatation urétéopyélocalicielle (par compression via les ADP si atteinte ganglionnaire...)
- Signes d’envahissement métastatique (osseux +++)
- AEG +++
- Douleurs osseuses +++ / fracture pathologiques
- signes neuro (compression médullaire) : paresthésies / parésie / incontinence (métastases vertébrales)
- hypocalcémie (méta ostéocondenscante) ou hypercalcémie
- Dyspnée (localisation pulmonaire)
- Examen physique (= le plus souvent normal)
- Diagnostic positif = toucher rectal +++
- Normal (peu évolué): n’élimine pas un cancer (à savoir)
- Typiquement : nodule "pierreux"dur / irrégulier / indolore / ou simple asymétrie de consistance de la glande
- Diagnostics différentiels
- HBP : hypertrophie homogène / lisse / régulière / indolore
- Prostatite : tendue / régulière / « exquisement douloureux »
- Bilan d’extension clinique
- Toucher rectal (TR): si prostate fixée voire blindage pelvien : envahissement extra-prostatique probable
- Examen des aires ganglionnaires (!! schéma daté: à savoir): ganglion de Troisier
- Palpation sus-pubienne : globe (envahissement du trigone vésical)
- Palpation des fosses lombaires : gros reins (hydronéphrose)
- OMI: par compression des veines iliaques par des ADP ilio-obturatrices
- Palpation cadre osseux: recherche de douleur osseuse / tassements
- Examen neuro: recherche signe de compression médullaire ou épidurite
BIOLOGIE
- Protéine de la famille des kallikréine = rôle dans la liquéfaction du sperme (spécifique de l'épithélium prostatique mais pas de cancer)
- Indications
- Dépistage: entre 50-75ans / devant tout TR évocateur +++
- Limites
- Un PSA normal n’élimine pas le diagnostic de cancer (10% des cas)
- Faux positifs: HBP / prostatite / geste endo-urétral/rectal / coït < 48h / TR touchant la prostate / toujours contrôler le PSA à 1mois (variations significatives du dosage) ; si infection urinaire, le taux de PSA peut rester élevé plusieurs mois
- Faux négatifs: patient sous 5α-réductase (!! multiplier le taux par 2), traitement du cancer de prostate
- Remarque : PSA = valeur double
- Orientation diagnostique (Attention il est posé sur les biopsies et non pas le PSA)
- Pronostic (< 10 = cancer localisé / > 20 = suspicion de métastases...)
- Densité du PSA : "taux de PSA autorisé par la 'densité' de PSA = 1/10 du volume de la prostate en mL" = prostate de 50ml --> densité de PSA normal jusqu'à 5ng/mL
- Améliore la valeur diagnostique du PSA entre 2,5 et 10ng/mL / si densité du PSA > 10, indication formelle de consultation en urologie pour ponction biopsie / peut affiner la décision de faire / répéter les biopsies
- Evolution dans le temps du dosage de PSA : le temps de doublement (= vélocité), utilisation mal standardisée et non fiable dans le cadre diagnostic mais intérêt pronostic dans le suivi des traitement de certains cancer (cf infra)
- PSA libre / PSA total = index Phi
- = PSA dans le sang peut rester libre ou se fixer aux macromolécules
- Cancer : PSA libre moins élevé que dans l'HBP
- Intérêt discuté et abandonné en 1ère intention (reco AFU 2018)
- Combinaison de kallikréines (phi score, 4K score) : analyse des dérivés du PSA non remboursé en France ; indication très spécialisée = 1ères biopsies normales, mais poursuite élévation PSA
- Tests urinaires (PCA3, gènes de fusion TMPRS2 et ERG)
- = Analyse urinaire après massage prostatique / indiqués pour une meilleure sélection des patients candidats à des biopsies de la prostates / disponibles mais non remboursés
- Apport réel en pratique clinique non démontré
IMAGERIE
- Echographie de la prostate
- Voie endorectale
- Diagnostic :
- aucun intéret pour détection du cancer
- systématique pour guidage biopsies
- permet de calculer précisément le volume prostatique (> voie abdominale) : densité du PSA
- Extension : aucun intérêt : peu sensible et peu spécifique
- IRM prostatique / pelvienne
- Technique
- 1,5 / 3 teslas
- pas d'antenne endorectale
- standardisée : IRM multiparamétrique T2 et séquences fonctionnelles de perfusion et diffusion
- Interprétation systématisée par secteur avec échelle de suspicion allant de 1 à 5 (échelle objective de PI-RADS ou subjective de Likert)
- Diagnostic
- Recommandation 2016-2018 : uniquement dans l'hypothèse d'une seconde séries de biopsies prostatiques lorsque la 1ère est négative = rechercher des zones mal échantillonnées par les biopsues
- Etude de 2018 : intérêt de l'IRM avant la première biopsie
- Au total dans le collège = optionnelle avant la première série de biopsie mais en cours d'évolution
- Bilan d'extension :
- IRM prostatique : recommandée + avec un délai de minimum 2mois après les biopsies
- IRM pelvienne : ADP suspectes (mais performances médiocres : Se 40% / Sp 80%) + organes de voisinage
- Tomoscintigraphie osseuse
- Technique : tomoscintigraphie aux phosphonates marqués au technetium-99m couplée à un TDM osseux
- Aucune place dans le diagnostic
- Bilan d'extension : référence pour M+ oseuse ; non indiquée chez les patients à faibles risque d'Amico sauf douleurs osseuses
- Indication
- douleur osseuses quelque soit le PSA
- risque intermédiaire et haut de d'Amico
- TDM
- Diagnostic : aucune place
- Extension : TDM abdo-pelv : aucune place sauf CI IRM / TDM TAP : M+ à la recherche de lésions osseuses / viscérales secondaires
- Imageries en cours d'évaluation
- IRM corps entier : serait > au TEP-TDM pour détection lésions osseuses (mais Sp moins élevée), difficilement accessible, non recommandées
- TEP 18F-choline : + Se et + Sp que la scinti osseuse et IRM pour détection précoce osseuses et viscérales, actuellement non recommandée mais évaluation dans le cadre de l'extension des tumeurs à haut risque et récidive après traitement local
- TEP au fluorure de sodium (FNa) : + Se et + Sp que scinti et IRM pour détection précoce des lésion osseuses, non reco
- TEP au PMSA : + Se que les autres examens métaboliques, en cours d'éval, non recommandé
ANATOMOPATHOLOGIE